Marta Peiró Gimenez

Ancienne joueuse professionnelle de football d’origine espagnole, Marta est recrutée par le Servette FC Chênois en 2020 pour jouer en ligue nationale A.

Son rêve, mener les Grenat en Ligue des champions. 

Mais l’endométriose, cette maladie endurée en secret pendant des années, l’oblige à mettre un terme prématuré à ses rêves. Fin 2022, à 24 ans, elle doit stopper sa carrière de joueuse professionnelle 

Marta Peiró Giménez raconte. «Le foot, c’est incroyable, ça a été ma passion pendant dix ans», raconte la jeune femme. Dans un français aux sonorités de sa langue maternelle, elle résume sa carrière en quelques phrases. «En Espagne, c’est dur de gagner des titres, la concurrence est grande. En Suisse, j’avais aussi l’opportunité de jouer la Ligue des champions, alors je suis partie de chez moi.»

Une année plus tard, l’attaquante découvre qu’elle est atteinte d’endométriose. «J’étais à Saint-Gall, quand j’ai senti une douleur intense en plein match», dit-elle en baissant la tête, son visage partiellement dissimulé par la visière de sa casquette. La joueuse est emmenée à l'hôpital, où les médecins lui décèlent d’abord une appendicite, qui évolue très vite en péritonite. Un gros kyste est responsable de l’inflammation. «En fait, j’avais plein de petits kystes.» Après analyse, le diagnostic tombe: ils sont dus à l’endométriose, une maladie inflammatoire qui touche une femme sur dix.

Les contrôles de routine, effectués depuis l’adolescence chez son gynécologue, n’ont pas permis de découvrir la maladie inflammatoire. Ses kystes, positionnés au dos de ses ovaires, passent sous le radar. «À 18 ans, ce que je vis dans mon corps est horrible. Mais, paradoxalement, j’ai une grande confiance en moi, je me sens bien, je vais commencer l’université. C’est une période heureuse.»

Marta Peiró Giménez est alors la meilleure buteuse de la saison chez les jeunes du Valencia CF, équipe historique du championnat espagnol. Sa joie de vivre tient à distance la souffrance physique.

Malgré les solutions qu’elle a mises en place pour sa santé physique – comme adapter son alimentation grâce à un nutritionniste –, il n’y a pas d’amélioration, ni de réponses à ses questions. Durant cinq ans, la joueuse prendra trois anti-inflammatoires par jour pour réduire ses douleurs. Résultat: un ulcère de l’estomac.

Elle prend alors conscience de la gravité de son état de santé. «J’avais déjà perdu 82% de fertilité. Si je continuais comme ça, j’allais perdre la possibilité d’être mère, et je ne voulais pas prendre cette décision à 23 ans.» Elle décide alors de mettre fin à sa carrière de joueuse professionnelle.

La retraitée des terrains se tourne alors vers son travail dans l’hôtellerie, qu’elle exerçait déjà en parallèle du football, pour pouvoir rester en Suisse. À l’automne 2023, Servette Chênois lui propose de reprendre le poste de team manager. Voyages, logements, démarches administratives, l’Espagnole accompagne désormais en continu les joueuses pour qu’elles puissent se donner à fond sur le terrain.

En plus de la gestion administrative, elle endosse parfois le rôle de médiatrice entre l’équipe et l’entraîneur. «Quand je jouais encore, il me manquait un point de vue féminin dans le staff, surtout par rapport à ma maladie qui touchait aux règles. Aujourd’hui, dès que j’arrive dans les vestiaires, j’entends des «Marta, Marta» de tous les côtés.»

Son goût du collectif continue de la porter alors qu’elle a raccroché les crampons. Enfant déjà, elle avait choisi le football – plutôt que le tennis, qu’elle pratiquait aussi – pour cette raison. «Ce que j’aime par-dessus tout, c’est d’avoir le sentiment d’appartenir à une équipe, à une famille», confie Marta Peiró Giménez.

Devenue en 2024 directrice sportive de son club , sa capacité à comprendre les besoins des autres et sa connaissance du niveau professionnel ont fait de Marta Peirò un rouage indispensable au développement de son club.

Son envie de témoigner et de partager, de sensibiliser l’opinion au sujet de l’endométriose dans le sport font de Marta une combattante résolue à faire en sorte que cette maladie soit mieux considérée et comprise par le public et les instances du sport.